28 Octobre

     Dans la France d’aujourd’hui, il y a ceux qui maîtrisent leur destin, qui sont assurés de l’avenir de leurs enfants, qui savent que leurs enfants vont réussir à l’école, avoir un métier et pouvoir choisir leur vie. Et puis il y a tous les autres, de plus en plus nombreux, tenaillés par la précarité, qui ne maîtrisent plus leur vie, qui ne savent plus quelles valeurs ils auront les moyens de transmettre à leurs enfants.

L’exigence politique est là : que tout le monde puisse construire librement sa vie, la maîtriser, transmettre à ses enfants les valeurs et le bagage pour réussir.
Les Français veulent y voir clair sur ce qui bouge et sur ce qui perdure. Comprendre un monde où les repères, à commencer par ceux du travail, semblent s’effondrer l’un après l’autre.

La première tâche de la gauche, c’est de proposer une lecture cohérente de cette grande transformation qui ne se borne pas aux métamorphoses du marché ou à la financiarisation de l’économie. Cette transformation n’épargne aucun domaine de l’existence, bouleverse les familles, les modes de vie, les rapports de l’individuel et du collectif.

Première tâche donc : donner un sens au présent, poser les mots justes sur les changements en cours, s’arracher aux oppositions convenues, relier, renouer ensemble. Comment, par exemple, conjuguer plus de liberté et plus de solidarité ? Comment mieux articuler mérite et égalité réelle ?

Il faut ensuite retrouver des marges d’invention et d’action. En faisant le pari de l’intelligence collective. Combien de lois et de mesures généreuses manquent leur objectif faute d’un diagnostic partagé et d’une construction plus collective de la décision ? Je pense que les citoyens sont suffisamment informés des affaires publiques pour s’en mêler et désireux de concourir à la définition de l’intérêt général. Mais les citoyens ne s’impliquent que si le jeu en vaut la chandelle, s’ils ont le sentiment qu’on ne les consulte pas seulement pour la forme et qu’ils peuvent orienter directement les choix. C’est cela, la démocratie participative : écouter pour agir juste, construire ensemble de meilleures décisions et rendre des comptes. Plus les gens y seront associés, plus les réformes seront solides. Le développement de la démocratie participative, partout où elle est mise en oeuvre, ne se fait pas au détriment de la démocratie représentative : bien au contraire, elle la conforte et la tonifie.

Enfin, il s’agit de préparer l’avenir, en tirant pleinement parti de la société de la connaissance qui se dessine sous nos yeux. Avec internet et le numérique, nous vivons une révolution dans l’accès au savoir. La société de la connaissance est tiraillée entre une prodigieuse dynamique de coopération, de création et de partage des connaissances et un puissant « capitalisme informationnel » qui tente de s’assurer le contrôle de larges pans des productions intellectuelles futures.
 
Notre système éducatif a réussi une généralisation impressionnante. Il fait face avec des moyens limités à un monde en accélération rapide, saturé d’informations, travaillé par le numérique. Si nous voulons que l’école reste l’un des socles de notre société, nous devons la remettre d’aplomb : y restaurer le respect, aider tous les enfants à faire une bonne scolarité, proposer du soutien scolaire gratuit à ceux qui en ont besoin, améliorer l’articulation écolecollège, assurer une meilleure implication des parents dans la scolarité de leur enfant, garantir les acquis fondamentaux, épauler les enseignants, réaliser l’excellence scolaire sur tous les territoires.
 
Si de nombreux chercheurs s’installent aux Etats-Unis, c’est parce qu’on leur donne là-bas les moyens de travailler dans de bonnes conditions. Notre recherche est aujourd’hui asphyxiée : elle devra être une vraie priorité nationale. Il nous faudra aussi réconcilier progrès scientifique et développement durable et développer les outils d’une démocratie scientifique
et technique.

D’une façon générale, dans notre pays, la manière dont sont traités les jeunes est insupportable. On leur demande de l’expérience et on refuse de leur donner cette première expérience professionnelle. On leur demande d’être diplômé et qualifié, mais on les fait démarrer au SMIC, même quand ils ont plusieurs années d’étude après le bac. Il faudra nouer un nouveau contrat avec les jeunes de notre pays. Nous avons besoin de tous les jeunes, quelles que soient leurs origines. Ils ont des compétences, des talents, de l’énergie à revendre.

De même, le combat pour l’égalité professionnelle est loin d’être achevé. 80% des travailleurs pauvres sont des femmes. La conquête de nouveaux droits se traduit, pour les femmes, par un surcroît de responsabilité. Les préjugés subsistent : aujourd’hui, les filles sont en moyenne plus diplômées que les garçons, mais s’interdisent encore trop de filières. Si je suis en situation, les femmes sauront que leur temps est venu. Pour des raisons d’égalité et de justice mais aussi, j’en suis convaincue, pour le plus grand bonheur des hommes.

Je crois que la gauche est la seule capable de développer une société de la connaissance ouverte, de remettre l’éducation au coeur de tout, de donner à chaque enfant le droit à une ambition scolaire ainsi qu’à la récompense de l’effort.
La gauche est la seule capable de redonner confiance aux jeunes. Et de réparer l’avenir. La gauche est la seule capable de redonner confiance aux jeunes. Et de préparer l’avenir.

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