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20 Octobre

    Ségolène Royal s'en est prise sans détour au système bancaire français, à Clermont-Ferrand, l'accusant sous de vifs applaudissements de "faire du profit sur le dos des pauvres".
    "Les riches ont le moyen de renégocier leurs prêts, les pauvres croulent sous les tarifications bancaires", qui sont "un vrai scandale", "aujourd'hui, le système bancaire français s'enrichit sur le dos des pauvres", a déclaré Mme Royal devant 3.000 militants socialistes environ assistant à une réunion avec les trois candidats PS à l'investiture.
    Selon Mme Royal, qui répondait à une question sélectionnée par les organisateurs, il faut "remettre de l'ordre sur les tarifications bancaires, interdire aux banques de faire du profit sur le dos des pauvres, interdire les publicités scandaleuses qui plongent des familles dans le surendettement". Ce passage de son intervention a été, de loin, le plus applaudi.

    La présidente de Poitou-Charentes s'est aussi prononcée pour "la laïcité dans les services publics", thème qu'elle aborde très rarement. Selon elle, il faudra "supprimer l'article de loi qui oblige les communes à payer la scolarisation des enfants dans le privé".
    Elle a dénoncé l'accès à la médecine "très inégalitaire en milieu rural", affirmant que "les communes rurales avaient droit à l'égalité des chances devant le service public".
    Dans son intervention liminaire de 20 minutes, rarement interrompue par des applaudissements, la députée des Deux-Sèvres a jugé qu'il fallait "mettre fin à l'insupportable distance entre les discours et les actes, qui sape la confiance en la politique".
      
 AFP

18 Octobre

Ségolène Royal : « Ma démarche, c’est de regarder les réalités en face »

Les deux autres candidats pointent leurs divergences avec vous. Qu’est-ce qui vous différencie d’eux, de votre point de vue ?

Ségolène Royal. Dans le débat démocratique pour la désignation du candidat ou de la candidate socialiste, je ne recherche pas les divergences, car ce débat doit servir la gauche. Et puis le projet socialiste, qui trace les axes de notre politique pour la France est notre bien commun, nous l’avons débattu et adopté ensemble. Ma démarche, c’est de regarder en face les réalités dans lesquelles se débattent nos concitoyens. Être de gauche, c’est répondre aux problèmes des gens qui souffrent. Où sont les principales souffrances aujourd’hui ? C’est la précarité que la politique de la droite a installée partout, les fins de mois difficiles, l’école qui n’a plus les moyens de tenir, pour tous les élèves, la promesse républicaine de réussite, la pénurie de logements, la dégradation de l’environnement et du cadre de vie, et les phénomènes de violence dont nos concitoyens les plus démunis sont les principales victimes. Ce sont ces difficultés quotidiennes que je dénonce, et auxquelles je veux porter remède.

Votre approche est très sociétale. Sur la carte scolaire, ou l’encadrement militaire des primo-délinquants qui ont fait couler beaucoup d’encre en raison d’une certaine porosité, disent certains, avec les thèmes de Nicolas Sarkozy. « Tout se tient », dîtes-vous. L’emploi, le pouvoir d’achat, le logement, ne sont-ils pas des préoccupations centrales ?

Ségolène Royal. Bien sûr, je viens de vous le dire. Et tout se tient en effet, car une famille frappée par le chômage ou une famille dont le pouvoir d’achat se dégrade parce que les salaires ne suivent plus, une famille mal logée, c’est une famille fragilisée, avec souvent des conséquences pour la réussite scolaire des enfants. Il est insupportable que de si nombreuses familles n’aient plus les moyens de transmettre à leurs enfants la confiance dans l’avenir. Il est là le combat pour toute la gauche.

Sur la carte scolaire, il faut dire la vérité : elle aboutit aujourd’hui, trop souvent, à des réserves pour les riches et à des ghettos pour les pauvres. C’est une hypocrisie qui est dénoncée, par exemple, par Fadela Amara, du mouvement Ni putes ni soumises. Et là où Nicolas Sarkozy veut supprimer la carte scolaire et mettre en concurrence les établissements, c’est-à-dire introduire le libéralisme à l’école, j’ai dit qu’il faudrait l’assouplir, en donnant le choix entre deux ou trois établissements. Et surtout, nous devrons réaliser l’excellence scolaire partout, y compris dans les établissements aujourd’hui à la peine.

Quant à la sécurité, ce n’est pas un problème de droite ou un problème de gauche. C’est une préoccupation des Français, en particulier des couches populaires. Mais pour y faire face, il existe une réponse de droite et une réponse de gauche. La réponse de droite consiste à supprimer la police de proximité, à tenter de dresser les Français contre les jeunes ou les immigrés, à multiplier les opérations-spectacle menées devant les caméras, comme aux Mureaux. Et il y a une réponse de gauche : nous devons être lucides et fermes contre toutes les délinquances et contre toutes les causes - qui conduisent aux comportements délinquants (chômage, précarité, pauvreté, ghettos urbains).

Les partis politiques doivent-ils se réformer ?

Ségolène Royal. Il n’y a pas de démocratie sociale vivante sans des syndicats forts et respectés. Il n’y a pas non plus de démocratie politique vivante sans partis politiques vivants. Je connais nos militants et je sais le coeur qu’ils mettent dans leur engagement. Si les partis politiques doivent se réformer, c’est pour mettre les militants à la première place et pour s’ouvrir davantage aux préoccupations et aux attentes des Françaises et des Français. Le Parti socialiste vient de le faire, en s’ouvrant aux nouveaux adhérents qui sont venus nombreux nous rejoindre. C’est le signe d’une soif de politique de nos concitoyens. À nous de ne pas les décevoir.

Pendant la campagne référendaire, vous indiquiez que les couches populaires seraient les premières victimes du rejet du TCE. Quel serait le rôle d’un président de gauche en , au moment où la présidence française de l’UE aura à renégocier le traité ?

Ségolène Royal. Je suis plus que jamais pour une France forte qui retrouve sa place dans une Europe politique. Le rejet du traité a été clair et net. Ce traité est donc caduc. Mais l’Europe est bloquée, nous le voyons tous. Les peuples ont découvert qu’une partie de - construction européenne s’était faite en dehors d’eux, qu’on les avait peu ou mal associés. Ils ont aussi perçu qu’il n’y avait pas ou plus de consensus sur le modèle européen, sur l’Europe que l’on veut, l’Europe dont on rêve. Je veux débloquer l’Europe et sortir la France de l’isolement. Oui, il faut relancer l’Europe à travers la politique, mais la politique ne se réduit pas aux institutions. Les institutions doivent être au service des objectifs politiques, pas l’inverse. Il faut d’abord réaliser l’Europe par la preuve et redonner aux citoyens une envie d’Europe. Je propose d’abord une refondation des objectifs européens, pour construire une Europe qui protège les salariés des délocalisations et du dumping social, une Europe de l’environnement, une Europe qui prépare notre futur commun par un investissement massif dans la recherche.

Dépasser l’antagonisme capital-travail (le Parisien du 23 février), réconcilier les Français et l’entreprise : vos thèmes sont ceux d’une vieille chimère centriste. Quelle est votre conception du rassemblement de la gauche ?

Ségolène Royal. Mais croyez-vous que les salariés aient envie d’être brouillés avec leur entreprise ? Croyez-vous qu’ils n’aspirent pas à se sentir bien dans leur travail, sécurisés dans leur emploi, bien rémunérés, avec des conditions de travail dignes ? Pourquoi se battent-ils lors- que leur entreprise est menacée ? Ce n’est pas l’entreprise qui est en cause, c’est le rapport entre les salariés et le patronat. C’est pourquoi il est indispensable de mettre tout en oeuvre pour que les syndicats soient puissants. Aujourd’hui, le déséquilibre est en défaveur des salariés, et la droite a beau jeu de mépriser la démocratie sociale.

Le rassemblement de la gauche suppose un respect mutuel, une clarté sur les objectifs, et un accord sur les priorités. Il suppose aussi une volonté partagée et une dynamique de rassemblement. Sans le rassemblement de la gauche, rien n’est possible.

Entretien réalisé par D. B.

18 Octobre
Intégralité des interventions de Ségolène Royal lors du premier débat PS
Sujet: Questions économiques et sociales
15 Octobre

     Accueillie par des congas et des rythmes africains, la présidente de la région Poitou-Charentes a conclu sa visite dans l'île de la Réunion soir par un meeting à Saint-Joseph, dans le sud de l'île.

    A Saint-Joseph, une ville qui affiche un taux de chômage de 52% et compte le plus grand nombre de Rmistes de l'île, Mme Royal a délivré un discours très social. Affichant sa "fierté" pour les valeurs socialistes, elle a ainsi fermement dénoncé "les précarités ultralibérales" provoquées par les politiques en place depuis 2002. Devant un gigantesque fond bleu frappé du slogan "Alon bouge ensamb avec Ségolène" ("avançons ensemble avec Ségolène", en créole), la députée, visiblement dopée par un séjour en terrain ami, auprès d'une fédération socialiste "royaliste" à près de 90%, a touché son public, parlant d'un "pacte social rompu".

     Exemples à l'appui, elle se déclare favorable au "recrutement local", afin de protéger les jeunes diplômés réunionnais touchés par "un plafond de verre invisible". Et sur le thème du logement, elle vise les mairies de droite qui ne respectent pas la loi sur les quotas de logements sociaux. Sous l'emblème socialiste du poing et de la rose, elle s'attire les applaudissements en refusant que "l'argent aille à l'argent" et en demandant par exemple que les droits à défiscalisation dans l'île soient interdits aux "entreprises qui profitent de La Réunion" et ne font que de la spéculation.

     Mais Mme Royal n'avait pas complètement oublié la métropole, et notamment le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. "Promettre pour demain ce qu'aujourd'hui on est dans l'incapacité de faire, c'est le contraire de ma conception de la vie politique et de la crédibilité de la parole politique", a-t-elle accusé, rappelant que M. Sarkozy est ministre depuis 2002 dans les différents gouvernements du président Chirac.

     Thème du chikungunya a l'appui, Mme Royal a également visé le Premier ministre Dominique de Villepin. "La République française a quand même les moyens de payer des vaporisateurs anti-moustiques à toutes les familles de la Réunion", a-t-elle ainsi lancé à Saint-Paul, dans l'ouest de l'île, dénonçant le manque de mesures de l'Etat alors que l'été austral approche et avec lui la menace d'un retour de ce virus qui a touché quelque 270.000 Réunionnais, en tuant 249. "Le gouvernement ne pourra pas dire deux fois qu'il n'était pas au courant"," a averti Mme Royal. Encouragée par les vivas des militants et sympathisants socialistes de Saint-Joseph, elle semblait bien au-delà de l'investiture socialiste soir: "Seule je ne peux rien, mais avec vous, en , tout sera possible".

AFP

13 Octobre

      Ségolène Royal a annoncé, matin lors d'une conférence de presse à Saint-Denis de la Réunion, vouloir "faire respecter la loi SRU" (Solidarité et renouvellement urbain) qui prône 20% de logements sociaux dans chaque ville.
"Il faut des sanctions plus fortes pour faire respecter la loi SRU et aller à l'inverse de ce qu'a fait le gouvernement", a déclaré Ségolène Royal lors de sa deuxième journée à La Réunion. "Il faut augmenter l'amende pour les villes qui refusent de s'y soumettre. L'Etat doit se substituer au maire. Ce sera à l'Etat ou au préfet d'intervenir", a-t-elle ajouté.
Quant à la défiscalisation immobilière dans les Départements d'outre-mer, la candidate à l'investiture socialiste veut "remettre les choses à plat": "Il y a des côtés positifs mais aussi du négatif comme l'enrichissement personnel de certains. Il y a aujourd'hui un lobbying important derrière la majorité en place", a-t-elle déclaré.

      Ségolène Royal a également annoncé vouloir "interdire aux entreprises de délocaliser ou licencier si elles font des bénéfices".
"Il faut faire signer un contrat de réciprocité aux entreprises", a-t-elle affirmé. "Les aides économiques aux entreprises sont souvent un effet d'aubaine. Il faut que ces aides soient réparties "au nombre de créations d'emplois, sur des emplois en Contrat à durée indéterminée", a précisé la candidate à l'investiture socialiste. 

      Ségolène Royal a aussi insisté sur "l'effort" à faire "pour un recrutement local". "Beaucoup de Réunionnais sont formés. Pourquoi ne les voit-on pas dans des secteurs comme le tourisme? Pourquoi n'y aurait-il pas un bonus pour les entreprises qui feraient un effort sur le recrutement local", s'est-elle interrogée avant de préciser qu'il ne fallait pas non plus "tomber dans le régionalisme intensif".
"Cela est aussi vrai dans l'Education nationale à La Réunion. C'est un plus de parler le créole pour enseigner ici. L'effort de recrutement local me paraît donc évident", a précisé la candidate à l'investiture socialiste. "Il y a des gens de l'hexagone qui viennent passer l'IUFM à La Réunion et après on s'étonne qu'il y ait deux fois plus d'échec scolaire. Ce n'est pas de la préférence régionale, c'est un effort sur le recrutement local pour éviter la fuite de la ressource humaine", a-t-elle ajouté.

Nicolas Vaux-Montagny (Nouvel Obs)

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