Dommages de guerre à Borodianka, oblast de Kyiv. Photo : Oleksandr Ratushniak / PNUD Ukraine

MADRID, 20 janv. 2023 (IPS) – Comme si les 100 milliards de dollars que les États-Unis ont jusqu’à présent fournis à l’Ukraine sous forme d’armes et d’aide n’étaient pas suffisants, les États-Unis ont maintenant commencé à installer en Europe leurs toutes nouvelles têtes nucléaires plus destructrices.

Les 100 milliards de dollars américains viennent s’ajouter à toutes les armes et aides que 40 « alliés » de Washington – l’Europe en particulier – envoient à l’Ukraine depuis son invasion par la Russie en février 2022.

Les dépenses américaines pour la guerre ukrainienne en moins d’un an représentent le financement désespérément nécessaire dont les Nations Unies ont besoin pour soulager partiellement certaines des souffrances horribles de plus d’un milliard d’êtres humains sur deux longues années.

Dans une nouvelle escalade, les États-Unis ont commencé en décembre 2022 à expédier de nouvelles ogives nucléaires en Europe : « l’ogive B61-12 est une ogive plus avancée que celles actuellement déployées en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie », selon à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN).

Boeing a conçu le nouveau kit de queue guidée de la bombe, lui donnant une maniabilité supplémentaire et l’apparence de plus de précision. Mais, c’est une arme nucléaire, et a des rendements différents, de 0,3 kt à 50 kt, rapporte l’ICAN.

Beaucoup plus destructeur

« Ces bombes peuvent exploser sous la surface de la Terre, augmentant leur pouvoir destructeur contre des cibles souterraines jusqu’à l’équivalent d’une arme à éclatement en surface avec un rendement de 1 250 kilotonnes – l’équivalent de 83 bombes d’Hiroshima. »

Même si les bombes sont américaines et que les États-Unis conservent l’autorité de lancement, elles seraient très probablement larguées par les Européens. Si les États-Unis décident d’utiliser leurs armes nucléaires situées en Allemagne, les ogives sont chargées sur des avions allemands et un pilote allemand les largue, explique ICAN.

Cette coalition basée à Genève de 652 organisations non gouvernementales partenaires dans 107 pays, promouvant l’adhésion et la mise en œuvre du Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires, a reçu le prix Nobel de la paix 2017.

La « lutte brutale pour le pouvoir »

La production, les tests et l’utilisation de bombes nucléaires sont l’une des raisons pour lesquelles les plus grandes puissances poussent maintenant le monde dans l’abîme de l’anarchie. En fait, le chef de l’ONU a une fois de plus tiré la sonnette d’alarme.

« De la mise au point illégale d’armes nucléaires à l’usage non autorisé de la force, les États continuent de bafouer le droit international en toute impunité », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

L’État de droit se dresse entre la paix et la « lutte brutale pour le pouvoir », a-t-il averti dans son message du 12 janvier au Conseil de sécurité de l’ONU – où cinq pays : les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France – détiennent une autorité auto-attribuée pour outrepasser la bien de plus de 190 États, membres de l’ONU.

« Risque grave » d’anarchie

Le chef de l’ONU a brossé un sombre tableau des civils du monde entier souffrant de conflits dévastateurs, d’une pauvreté croissante et d’une faim croissante, avertissant que « nous sommes gravement menacés par l’état d’anarchie ».

L’état de droit « protège les personnes vulnérables ; prévient la discrimination; renforce la confiance dans les institutions ; soutient des économies et des sociétés inclusives ; et est la première ligne de défense contre les atrocités.

Guterres a cité l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; les meurtres illégaux de Palestiniens et d’Israéliens ; l’apartheid sexiste en Afghanistan ; le programme illégal d’armes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée; la violence et les graves violations des droits de l’homme au Myanmar ; et une profonde crise institutionnelle en Haïti.

Entre-temps…

Pendant ce temps, le monde s’effondre, témoin d’une « collision continue de crises pour lesquelles la réponse et la reprise traditionnelles ne suffisent pas », prévient le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

« Notre avenir est en jeu, car les guerres, les épidémies, l’urgence climatique et les bouleversements économiques ne laissent presque aucun pays épargné.

De la guerre en Ukraine qui a déclenché une crise mondiale du coût de la vie à l’urgence climatique, les inondations au Pakistan, la pandémie mondiale, la faim dans la Corne de l’Afrique, à la crise au Yémen – nous sommes confrontés à des défis jamais vus pour notre avenir, ajoute le PNUD.

Les économies en développement qui comptent plus de la moitié des personnes les plus pauvres du monde ont besoin d’un allégement urgent de la dette en raison des « crises mondiales en cascade. Sans action, la pauvreté va monter en flèche et les investissements désespérément nécessaires dans l’adaptation et l’atténuation du changement climatique ne se produiront pas.

Parallèlement, des millions d’enfants victimes de conflits armés

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) rapporte que plus de 400 millions d’enfants vivent dans des zones de conflit ; on estime qu’un milliard d’enfants – près de la moitié des enfants du monde – vivent dans des pays extrêmement vulnérables aux impacts du changement climatique…

… Et au moins 36,5 millions d’enfants ont été déplacés de leur foyer ; et 8 millions d’enfants de moins de 5 ans dans 15 pays touchés par la crise risquent de mourir d’émaciation sévère.

Aujourd’hui, il y a plus d’enfants qui ont besoin d’aide humanitaire qu’à tout autre moment depuis la Seconde Guerre mondiale. Partout dans le monde, « les enfants sont confrontés à une confluence historique de crises – des conflits et des déplacements aux épidémies de maladies infectieuses et à la flambée des taux de malnutrition ».

L’UNICEF a lancé un appel de 10,3 milliards de dollars américains pour atteindre plus de 110 millions d’enfants avec une aide humanitaire dans 155 pays et territoires.