La chute de la monnaie nationale semble interminable. Les mobilisations de la population contre la vie chère se multiplient. Si les grèves politiques de soutien au soulèvement restent pour l’instant limitées, celles pour réclamer le paiement des arriérés de salaires (parfois jusqu’à quatre mois) ou pour dénoncer les conditions de travail et réclamer des hausses de salaires sont quotidiennes.
Dans le même temps, la répression se poursuit plus férocement que jamais. Par exemple, le 22 février, le régime a annoncé l’exécution d’Arash Ahmadi, un militant kurde de 29 ans accusé du meurtre d’un policier en 2018. De lourdes peines contre des manifestants et des contestataires continuent d’être prononcées.
Face à cela, la contestation contre le régime prend des formes multiples, moins spectaculaires mais permanentes. Manifestations de masse tous les vendredis dans la région du Sistan-Baloutchistan et particulièrement à Zahedan, slogans nocturnes dans les quartiers populaires des grandes villes, actions de rue au Kurdistan, l’agitation ne s’arrête pas.
La contre-révolution est organisée depuis l’extérieur du pays
C’est dans ce contexte que, depuis l’extérieur du pays, les oppositions de droite et monarchistes tentent de faire dévier le mouvement « Femme, Vie, Liberté », avec l’aide des gouvernements occidentaux. L’université de Georgetown a récemment organisé une conférence avec tous les dirigeants de cette opposition bourgeoise, autoritaire et réactionnaire, dont Reza Pahlavi, fils du dernier Shah.
Reza Pahlavi a également été invité à prendre la parole lors de la conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue du 17 au 19 février. En marge de cette conférence, Emmanuel Macron a mis en scène sa rencontre avec Masih Alinejad, l’ami de Trump. Reza Pahlavi a également été invité à prendre la parole au Sénat français le 20 février.
A aucun moment Reza Pahlavi n’a condamné les crimes de son père et de la monarchie iranienne. En revanche, il n’hésite pas à dire régulièrement « qu’il faudra s’appuyer sur des membres des Gardiens de la révolution et du Basij pour assurer la sécurité durant la future période de transition ». Les mêmes personnes qui ont torturé, violé et tué des manifestants et des prisonniers politiques pendant 44 ans.
Soutien aux organisations indépendantes et aux réseaux militants de l’intérieur !
En première ligne de la lutte contre la République islamique, une vingtaine d’organisations syndicales et de la société civile indépendantes de l’intérieur ont publié le 15 février une déclaration et une importante plateforme de revendications. [1]
Ces organisations ont été rejointes dans leurs prises de position par de nombreuses associations étudiantes et universitaires et par des réseaux militants du pays.
Ce texte fait le lien entre les revendications démocratiques (abolition de la peine de mort, torture, liberté d’organisation…), féministes, LGBTQI+, environnementales, sociales et des minorités nationales et religieuses.
La déclaration appelle à la saisie des biens des dignitaires du régime et dénonce la privation de liberté subie par les Iraniens tant sous la monarchie que durant les 44 dernières années. Le manifeste demande, entre autres, l’instauration d’une démocratie radicale par le bas. C’est un appel à lutter pour un projet radical de transformation sociale.
Ces revendications sont bien sûr incompatibles avec le régime dictatorial actuel, mais elles sont également incompatibles avec le projet réactionnaire, libéral, patriarcal, grand persan et autoritaire de Reza Pahlavi et de ses acolytes. De plus, les réseaux monarchistes ont violemment attaqué ce manifeste.
Il est du devoir des militants anticapitalistes et révolutionnaires de soutenir l’expression radicale et la lutte contre la République islamique. C’est aussi le devoir de la gauche radicale de dénoncer les actions impérialistes des grandes puissances et des forces réactionnaires en Iran.
L’issue du soulèvement actuel est cruciale pour tous les peuples qui luttent contre les fondamentalismes religieux, les États autoritaires et dictatoriaux et les puissances impérialistes.
2 mars 2023
Traduit par Point de vue international depuis l’Anticapitaliste.
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