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8 avril 2009

Merci, chers amis de votre hospitalité, dont je sais qu’en wolof, elle se dit teranga. Un mot magnifique qui exprime une valeur que, de longue date, les civilisations africaines exaltent.

    Dans cette salle qui porte son nom, je pense bien sûr à l’œuvre de Léopold Sedar Senghor, à ce qu’il voulut et fit pour pour son pays.

 

    Je pense aussi, et votre université porte aujourd’hui son nom, à Cheikh Anta Diop.

 

    Je pourrais vous dire que je suis une amie ancienne et fidèle du peuple Sénégalais: mais je vous dirai beaucoup plus : je suis une fille de l'Afrique et une sœur des hommes et des femmes d’ici.

 

    C’est sur votre terre que je suis née, à Ouakam. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de deux ans. Je n’en ai pas beaucoup de souvenirs conscients. Mais tout s’est imprimé. Car on garde enfouis en soi les couleurs, les musiques, la chaleur, la lumière, les parfums engrangés dans les premiers jours de sa vie. De cette naissance j’ai toujours ressenti un profond sentiment de fierté. C’est une force d’être une citoyenne du monde et d’avoir toujours le réflexe de regarder ce qui se passe loin de nos frontières et plus loin encore dans l’hémisphère sud.

 

    Avant de me lancer dans la campagne présidentielle, je suis revenue au Sénégal. J’avais besoin de retrouver mes racines et de renouer avec mes origines. A cette occasion, j’ai rencontré une femme à Thiaroye, avec une centaine d’autres. Elles avaient perdu leurs fils, noyés alors qu’ils tentaient de gagner l’Europe. Nous nous sommes longuement serrées dans nos bras. Cette femme, submergée par le chagrin, a décidé, avec d'autres, de le dépasser en s’investissant pour les jeunes de son village.

 

    Nous nous sommes revus longuement hier. Que de progrès dans leurs actions dont j'avais vu les balbutiements en : activité de pêche, artisanat, alphabétisation des femmes. Avec quel courage toutes ces mères ont dépassé leurs souffrances pour prendre en main leur vie, leur subsistance, et donner à leurs enfants des raisons d'espérer et de vivre dignement de leur travail dans leur pays.

 

    Ces femmes symbolisent la force des êtres humains quand ils utilisent leurs souffrances pour créer l’espoir. Quand ils agissent localement pour apaiser le monde dans sa globalité.

 

    Ce n’est pas d’aujourd’hui que je parle de l’Afrique. A Villepinte, dans le discours d'ouverture de la campagne présidentielle, ce continent était au cœur de mes préocupations (« De quoi souffre-t-elle l'Afrique? D’une économie mondiale absolument débridée qui ne laisse aucune chance à des produits agricoles fragiles et incapables de rivaliser avec les politiques de pays bardés d'atouts financiers et technologiques! »).

 

    Elle était là aussi, l'Afrique, dans l’ouvrage coécrit avec Alain Touraine, Si la gauche veut des idées. J'y annonçais : « L'Afrique est notre avenir. Le développement de l'Afrique sera l'oeuvre des africains » et dans Femme debout, écrit avec Françoise Degois.

 

    Dans chacune de mes responsabilités j'ai toujours pensé à l'Afrique. En 1992, ministre de l'Environnement, j'avais choisi le Mali comme pays partenaire d’actions communes environnementales. Devenue ministre de l'Enseignement scolaire, j'ai pris beaucoup de soin à intégrer le Sénégal dans des actions de développement commun de l'Education, comme la bibliothèque de Ouakam.

 

    Je pourrais vous donner bien d'autres exemple de cette préoccupation au long cours et de ce lien indéfectible qui me ramène toujours vers l'Afrique tant est forte ma conviction que cette alliance entre le continent européen et le continent africain est une chance à saisir pour équilibrer un monde multipolaire qui doit construire la paix et la prospérité. C'est dire à quel point dans le contexte actuel de toutes les violences qui nous assaillent : crise économique brutale, dégâts environnementaux, désastres sanitaires, notre responsabilité est forte et notre capacité commune à oser les stratégies visionnaires qui nous donnent les clefs du monde d'après. L'Afrique, je ne l'ai jamais lâchée.

 

    C'est une conviction très profonde. Ce n'est pas seulement une conviction d'ailleurs, c'est une raison d'agir.  C'est pourquoi aujourd'hui, présidente d'une région française, j'ai choisi comme principale coopération décentralisée, une région du Sénégal, la région de Fatick. Et cette coopération est si efficace, si exemplaire (j'y reviendrai), qu'elle vient d'être retenue comme le premier modèle de réfèrence de coopération décentralisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement.

 

    Voilà chers amis, la démonstration politique par la preuve qu'il y a un lien très étroit, pour l'avenir de l'humanité entre le local et le global, c'est à dire entre les actions concrètes de terrain qui bénéficient directement aux gens et les échelons financiers à l'échelle des Etats et des organisations internationales qui doivent les permettre.

    Oui il y aura un avenir pour l’humanité avec une Afrique forte, debout et respectée, partenaire d’une Europe forte, debout et respectée.

 

    Oui, je veux devant vous porter une parole de respect, de fraternité et de justice, celle qu’aurait dû porter le G20 en associant davantage l’Afrique dans son ensemble. Au delà des avancées positives qu’il faut saluer et qui viennent poser d'autres règles du jeu, pourquoi l'Afrique ne s'y trouve-t-elle pas ? Pourquoi avoir écarté un milliard d’habitants et 1/3 des ressources naturelles de la planète? Ce n'est ni juste ni efficace. Tout comme n'est ni juste ni efficace l'absence de ce continent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies ou encore sa sous-représentation dans les conseils du FMI et de la Banque mondiale. L’Afrique doit enfin avoir toute sa place dans les instances internationales car nous avons besoin d’elle, de sa vision, de ses talents, de sa faculté de don, de ses idées.

 

    Chers amis,

 

    Nous vivons une époque historique, avec une crise sans précédent faite de drames mais aussi d'opportunités. L'opportunité de nous en sortir en décidant des changements profonds et des valeurs nouvelles qui nous permettront d'inventer le monde d'après, un monde plus humain et plus juste.

 

    L'aménagement à la marge du système actuel ne permettra pas la sortie de crise. Les peuples doivent exiger de leurs gouvernants et de leurs élites qui n'ont su ni anticiper, ni guérir, qu'ils changent de logique.

 

    Partout les peuples se révoltent. Il n'y aura pas de paix sans justice. Et il n'y aura pas de justice sans respect. La finance doit impérativement être mise au service de l'économie réelle et l'économie réelle au service des hommes et des femmes.

 

    Une crise écologique sans précédent menace notre survie. Depuis 2000, le nombre de personnes touchées par des catastrophes naturelles a triplé. D’ici 2040 un milliard de personnes seront contraintes à se déplacer, victimes de la sécheresse, de l’appauvrissement des sols, de la hausse du niveau de la mer. La plupart seront originaires des pays en développement et du continent africain en particulier. Les forêts denses de ce continent sont menacées par la surexploitation des sols et par une agriculture intensive  destinée non pas à nourrir les peuples mais aux seules exportations. En 2025, 750 millions de personnes vivront dans des zones désertiques. Aujourd'hui déjà, seule la moitié de la population africaine a accès à l'eau potable.

 

    Une crise financière et bancaire d’une ampleur inouïe provoque par ailleurs une crise économique et sociale mondiale. Cette crise, l’Afrique et les pays émergents n’en sont pas responsables et pourtant ils en sont les premières victimes. Pour la première fois depuis 50 ans, le commerce mondial s’est contracté de près de 10%. L’accès au financement pour des projets de développement a lui aussi été réduit de plusieurs milliards de dollars. L’Afrique, trop souvent oubliée de la mondialisation, est aussi l’oubliée des plans de relance. Les bailleurs du Fonds monétaire international et en particulier les Pays du Nord, devront impérativement consacrer le triplement des réserves décidées lors du G20 aux pays en développement, notamment à l’Afrique.

 

    La boulimie financière, l’avidité de profit, la gloutonnerie d’argent ont conduit le monde au bord du précipice en inversant les valeurs, en prenant l’accessoire pour l’essentiel, en oubliant que le bonheur des êtres humains  - éducation, santé, culture, alimentation, cadre de vie - doit impérativement passer avant tout le reste, oui je dis bien tout le reste.

 

    En oubliant ce principe fondamental « Par le peuple, pour le peuple » qui est d’ailleurs aussi le principe de gouvernement de la République du Sénégal, nous voici tous entraînés collectivement vers le gouffre si nous subissons. Mais nous sommes nombreux à l'échelle planétaire à avoir les moyens et la volonté de réagir et à refuser de subir.

 

    Aujourd’hui plus que jamais, nous devons être à la hauteur du défi que le siècle nous pose. Les forces de vie doivent l'emporter sur les forces de l'argent.

 

    Et d’abord, pour bâtir un monde commun, qui fait reculer la rupture intolérable qu’engendrent les inégalités dans la répartition des richesses. Selon l’ONU, 2% de la population mondiale possède 50% de la richesse mondiale quand la moitié de la population doit se contenter d'à peine 1% de cette richesse. La malnutrition est responsable de plus de la moitié de la mortalité infantile. 2/3 des séropositifs dans le monde se trouvent en Afrique. Rien qu'en , un million de personnes sont mortes à cause de la pandémie. 40 millions d'enfants n'ont toujours pas accès à l'école et moins de la moitié des enfants en école primaire n'achèvent pas leur cursus alors même que, nous le savons tous, l'éducation est la condition absolue du développement.

 

    Il existe un seuil de richesse, et un seuil de pauvreté, à partir desquels, ce qui est en cause, c’est l’unité même de l’espèce humaine.

 

    Certes  des progrès existent. Mais dans les pays pauvres, on le sait, la misère a doublé en 10 ans.  L'aggravation de la pauvreté s'est traduite par les émeutes de la faim.

 

    Je le dis avec la plus grande solennité : cette situation n’est pas tenable. C’est terminé le temps où certains pensaient pouvoir s’en sortir en fermant les yeux sur le péril.

 

    Il est urgent que nous définissions ensemble à l'échelle planétaire d'autres façons de faire, d'autres formes de solidarité, d'autres transferts de richesse.

 

    Il est urgent que les pays du Nord tiennent enfin leurs promesses et respectent leurs engagements internationaux. En aucun cas, la crise ne doit donner prétexte à baisser l’aide au développement.

 

    De quelle aide publique parle-t-on ? Aujourd'hui elle se compose essentiellement des annulations de dettes et de prêts. La part des financements destinés à de nouveaux projets, elle, diminue. Ce qui a été donné d’un côté a été repris de l’autre.

 

    Je veux pour mon pays, la France, et pour l’Europe le courage de ne pas se payer de mots. Et l’honnêteté de ne pas tromper ceux qu’on prétend aider. Le respect commence là.

 

    Lorsque j’étais à Belém, j’ai entendu Lula dire qu’il en avait assez d’être convoqué dans les grandes capitales du Nord par de jeunes banquiers qui lui disent comment gérer son pays alors qu’ils n’y ont jamais mis les pieds et savent à peine où il se situe.

 

    Sous la plume d’Aminata Traoré, j’ai lu que les Maliens en avaient assez que ceux qui n' ont jamais vu une boule de coton, leur disent ce qu’ils devraient en faire.

 

    Dans les textes d’artistes comme Tiken Jah Fakoly ou le rappeur Didier Awadi, j’ai entendu la colère que provoque l’injustice. De nombreux universitaires, et responsables politiques africains demandent que l’Europe tire la leçon d’accords de partenariats économiques qui ont échoué et qui sont perçus non comme une aide mais comme un rapport de force.

 

    L’aide au développement ne doit plus être une version moderne de la charité, condescendante, assénant ses certitudes depuis Washington, Bruxelles ou Paris. Elle doit être construite avec, et non pas pour. Mais des progrès ont été faits, il faut le dire, et je voudrais vous rappeler comment nous nous en sommes inspirés.

 

    Deux principes ont guidé la coopération décentralisée menée entre la Région de Fatick et la région Poitou-Charentes que je préside : ne jamais plaquer de solution toute faite mais chercher ensemble, en mutualisant nos expériences, les meilleures réponses ; appuyer les initiatives locales, fidèles à un esprit d’écoute qui conditionne le succès de tout programme.

 

    Avec la région de Fatick, nous avons développé un programme de coopération qui comprend plusieurs volets :

agricole, éco-énergétique, éco-touristique, économique,

sanitaire et éducatif.

 

    Notre coopération agricole a commencé à l’automne 2004. Nous avons déjà obtenu de très bons résultats en formation des éleveurs caprins, en amélioration des structures, en niveau de production,     en respect de l’environnement.

 

    Ces succès nous permettent aujourd’hui d’envisager de nouveaux partenariats, notamment avec Agronomes et Vétérinaires sans Frontières.

 

    Nous avons développé l’énergie solaire pour l’accès à l’eau. Et nous pouvons maintenant, tout en économisant la consommation du bois, électrifier des chèvreries, des fromageries, des pompes à eau, des services publics, notamment des établissements scolaires et des unités sanitaires rurales. Je les visiterai demain et pendant trois jours avec les élus et les habitants de Fatick.

 

    À terme, l’énergie solaire permettra d’électrifier les territoires isolés du réseau électrique conventionné, notamment les Îles du Saloum.

 

    Et grâce à ces réalisations, la région de Fatick a été retenue par le Programme des Nations Unies pour le Développement comme région-pilote pour la lutte contre le changement climatique.

 

    Voilà comment, en agissant localement, on transforme globalement.

 

    Pour favoriser le développement de l’éco-tourisme, nous avons lancé des projets pilotes dans la zone du parc naturel du delta du Sine-Saloum et dans l’arrière-pays.

 

    Bientôt, les habitants de ces régions pourront accueillir des visiteurs de tout le Sénégal, de toute l’Afrique de l’Ouest, et du monde entier, tout en respectant l’harmonie et les équilibres de la nature locale.

 

    Voilà comment, en agissant localement, on transforme globalement.    

 

    Plus généralement, le Poitou-Charentes a soutenu la mise en place du microcrédit pour permettre aux éleveurs de financer les fourrages et les équipements dans les coopératives pour le lait.

 

    La devise du microcrédit est la nôtre : agir localement, transformer globalement.    

 

    Ce programme dans son ensemble englobe de nombreux partenaires locaux et en particulier les Groupements de Promotion Féminine. Elles sont venues en Poitou Charentes. Elles m’ont raconté leur histoire. Elles m’ont dit tout leurs efforts en tant que mères, en tant qu’épouses, pour colmater les brèches du quotidien. Elles m’ont dit les trésors d’ingéniosité, d’opiniâtreté, de créativité qu’elles déploient.

 

    Nous nous sommes appuyés sur cette ingéniosité et sur cette créativité pour imaginer des programmes de développement pionniers: microcrédit, foyers de cuisson améliorée, utilisation de l’énergie solaire pour les séchoirs et pour les fours. Les potentiels des savoir-faire locaux ont été valorisés. Des forgerons, des potières ont été formés, des centres de production d’inserts en céramique ont été construits, des villages ont été accompagnés dans leur démarche éco-touristique. Mais surtout nous avons beaucoup appris nous-mêmes par les missions d’échange et nos agriculteurs et nos techniciens en énergie solaire ont beaucoup appris en venant ici. C’est dans cet échange de réciprocité que nous sommes plus efficaces ensemble.

 

    La qualité du partenariat a été reconnue par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui a signé une lettre d’intention le 17 novembre avec les deux Régions.

 

    Notre programme de coopération décentralisée va faire de Fatick la première région du Sud à devenir neutre en émission de gaz carbonique.

 

   C’est à travers ce type d’action, conjuguée naturellement à l’action d’un Etat que l’on peut changer les règles de la planète. Partout se mettent en place ces actions qui changent concrètement la vie des gens, créent de la ressource, développement des régions. Ces petites rivières font de grands fleuves.

 

    La coopération décentralisée, bien sûr, ne remplace pas des coopérations à l’échelle des Etats et des continents. Mais on pourrait faire tellement plus si on n'avait ne serait-ce que quelques miettes des milliards perdus par les établissements bancaires.

 

    L’aide au développement n’est pas un luxe de pays riche. C’est précisément parce que nous sommes tous confrontés, ensemble, au même moment, à la plus grave crise économique que nous devons agir ensemble. Car nul ne s’en sortira seul et encore moins contre les autres, mais les uns avec les autres.

 

    Chers amis,

    Vous le voyez il existe des raisons profondes d’espérer. J’aime cette phrase de Martin Luther King : « Il n’y a que quand il fait suffisamment sombre que l’on peut voir les étoiles. »

 

    Une de ces lueurs est apparue récemment, aux Etats-Unis d’Amérique avec l‘élection de Barack Obama. Au-delà du symbole de cet homme noir, jeune qui accède à la première puissance du monde et redonne une fierté à tous les hommes et femmes de couleur et plus largement, à ceux qui se sentent opprimés, au-delà de ce symbole créateur d’espoir, il y a la politique américaine qui change radicalement.

 

    Son économie s’est effondrée comme une maison rongée par les termites depuis des années et qui s’écroule subitement. Une violence qui oblige l’Administration Obama à mener une révolution sur tous les fronts. Front intérieur avec la refonte du système financier, la loi sur les superbonus, l’investissement dans la croissance verte. Front extérieur avec un tournant dans les relations internationales, le dialogue. Cette stratégie de la main tendue portera ses fruits, j’en suis convaincue. Dialoguer même lorsqu’il n’y a plus de mots pour le faire. Construire des médiations là où le dialogue est rompu. Voilà ce que doit être la diplomatie du XXIè siècle.

 

   Il y a ensuite le forum de Belém. L’altermondialisme n’a jamais autant mérité de porter son nom. Penser le monde différemment, faire le serment de dépasser tous les schémas, les lieux communs, les systèmes de pensée qui rapetissent, être créatif et réaliste à la fois. A Belem comme à Washington, j’ai ressenti la même pulsation : celle de l’énergie vitale des peuples qui prennent les fausses vérités à contre-pied, se rassemblent, joyeux, sentant que le monde d’après se soulève.

 

   Oui, je crois à la force citoyenne, la force du peuple qui se dresse, comme s’est dressé le peuple des outremers, autour d’un leader qui a porté la soif de justice et de respect : Elie Domota. Aucune atteinte à la dignité, aucune arrogance ne peut résister à la force de conviction et à la détermination d’un peuple qui a soif de respect et d’actions justes.

 

    L’écoute, la démocratie participative, la médiation font leurs preuves partout où elles s’appliquent. Là où l’écoute est défaillante, là où l’exaspération et la violence surgissent.

 

    Plusieurs révolutions soufflent sur le monde et notamment une révolution des couleurs. Nous sentons bien que nous sommes à un tournant. Mais nous ne savons pas quel en sera le sens.

 

    Si bien que la question qui se pose à nous aujourd’hui, Sénégalais et Français, Africains et Européens, est celle-ci : Que faire naître ensemble ? Et comment le faire naître?

 

    La réponse commune, nous la vivons ici dans cette salle, nous la vivrons encore à Fatick demain, avec tous les exemples de développement durable. C’est celle de la fraternité qui nous permet de bâtir ensemble des solutions respectueuses de la planète que nous partageons. Vous avez autant si ce n’est plus d’atouts que nous avec l’énergie solaire pour réussir la croissance verte. Alors vous imaginez comment nous pouvons être efficaces en unissant nos efforts et nos volontés.

 

    Chers amis,

 

    Pour le meilleur et parfois hélas le pire, nos destins ont été liés. Ils sont liés.

 

    Le pire : ce fut l’esclavage, cette « déportation la plus massive et la plus longue de l’histoire des hommes », comme l’a écrit Christiane Taubira dans l’exposé des motifs de notre loi de 2001 qui reconnaît ce « crime orphelin » pour ce qu’il fut : un crime contre l’humanité.

 

    Le pire : ce fut la colonisation dont une partie de la droite, dans un projet de loi, a essayé de nous faire croire, en , qu’elle eut des « aspects positifs ».

 

    Voici ce que je disais en au ministre de l'Intérieur à ce sujet:

 

    « La vive réaction de nos compatriotes des Antilles vous a permis de mesurer l’offense faite à la République par la loi adoptée par votre majorité, qui promeut une lecture révisionniste de la colonisation et heurte, dans l’Hexagone comme outremer, celles et ceux pour qui l’adhésion à la France ne peut s’inspirer que des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, bafouées hier par le colonialisme et aujourd’hui par les discriminations.

 

    L’honneur de la République, c’est la lucidité d’une histoire partagée dans une France accueillante à tous les siens. »

    Permettez-moi d’être très claire. Qu’il y ait eu à cette époque des hommes et des femmes sincères de bonne volonté, cela est sûr. Mais on n’a rien dit quand on n’a dit que cela. Le problème est que la colonisation fut un système. Ce système doit être condamné pour ce qu’il fut : une entreprise systématique d’assujettissement et de spoliation. Ses séquelles doivent être combattues sans fléchir.

 

    Les colonisés n’avaient pas le choix. Le travail forcé et le Code de l’Indigénat  étaient la règle. Et le mépris. Et le racisme. Et la violence d’un système qui fit les uns ployés sous le joug des autres.

 

    Je veux rendre honneur à ceux qui, dans toute l’Afrique, se sont battus et sont morts dans une combat qui était le combat des Africains, oui, et de toute l’humanité.

 

    Et je suis fière qu’il y ait eu en France des consciences pour s’insurger et des militants pour se porter aux côtés de ceux qui luttaient pour leur indépendance. Ceux-là défendaient nos valeurs quand la colonisation en était la négation.

    Je crois que nous avons le devoir de poser les mots justes sur ce qui fut. Car les mots font plus que nommer : ils construisent la réalité et le regard qu’on porte sur elle. Nos plaies d’histoire ne sont pas toutes cicatrisées. Le devoir de mémoire n’a pas besoin de permission. Chacun s’en acquitte avec la subjectivité et l’héritage qui est le sien. Ce dont, en revanche, nous sommes collectivement comptables et responsables, c’est du droit à l’histoire et du devoir de vérité.

    Ce droit à l’histoire et ce devoir de vérité, c’est ce qui permet de regarder les faits en face et de partager un récit qui ne soit pas ressassement du passé mais moyen de le dépasser sans amnésie et de se projeter ensemble dans l’avenir.

 

    Dans la dernière lettre qu’il a écrite à sa femme avant d’être assassiné, Patrice Lumumba a dit sa foi inébranlée dans l’établissement de la vérité historique : « L’Histoire dira un jour son mot. L’Afrique écrira sa propre histoire ».

    Honneur aux maîtres de la parole qui conservèrent et transmirent. Honneur aux historiens de l’Afrique qui ont rappelé au monde que non seulement l’Afrique était le berceau de l’humanité mais qu’elle était avec l’Asie mineure le berceau de la civilisation humaine.

 

    Honneur aux historiens de l’Afrique qui ont rappelé au monde l’existence des grands royaumes et des grands empires de l’Afrique. Honneur aux historiens de l’Afrique qui ont retracé les mille et une relations nouées bien avant la conquête, en des temps où le Sahara, la Méditerranée et l’Océan Indien n’étaient pas des frontières mais des points de passage et de mise en contact.

 

    Quelqu'un est venu ici vous dire que « l’Homme africain n'est pas entré dans l'Histoire ».

    Pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et qui n’engagent pas la France. Car vous aussi, vous avez fait l’histoire, vous l’avez faite bien avant la colonisation, vous l’avez faite pendant, et vous la faites depuis.

 

    Et ce que Léopold Sedar Senghor et Aimé Césaire  ont magistralement accompli avec le concept « négritude » , vous l’avez poursuivi avec le mot « Afrique », cet étendard d’une dignité reconquise.

    C’est pour cela que les œuvres des historiens Cheikh Anta Diop du Sénégal et de Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso, constituent non seulement un sommet de la science, mais aussi un sommet de la lutte pour la liberté.

    C’est pour cela qu’il était si important de démontrer comme ils l’ont fait que la Grèce ancienne devait tant à l’Egypte ancienne qui elle-même devait beaucoup à l’Afrique. Ils ont montré que les langues africaines permettent le même déploiement de la rationalité humaine que les langues européennes.

 

 

    Il leur a souvent été reproché d’être partisans.

 

    En insistant sur leur engagement indépendantiste et panafricain, on a voulu mettre en doute la rigueur scientifique de leurs recherches.

 

    Mais aujourd’hui, chaque jour, les découvertes de l’égyptologie valident les thèses de Cheikh Anta Diop.

 

    Une certaine histoire européenne de l’Afrique a voulu dénier aux Africains la fierté d’être Africains.

 

     Et comme le pensait Lumumba, écrire c’est agir et agir c’est écrire.

 

    Pour aujourd’hui, il est bon que se constituent autant que cela est possible des équipes mixtes de chercheurs africains et européens pour retracer le destin commun de l’Afrique et de l’Europe. Car c’est en élucidant ensemble les pages communes de nos histoires que nous pourrons écrire ensemble les pages communes de nos futurs.

 

    Alors oui, il est temps que nous pratiquions davantage entre nous l’égalité vraie, loin des paternalismes, des misérabilismes, des ostracismes, loin des doubles langages qui masquent mal les doubles jeux.

 

    Oui, la France doit honorer sa dette à l’égard de l’Afrique et que les Français doivent apprendre à l’école ce qu’ils ont reçu de l’Afrique.

 

    Quand notre territoire national fut envahi, l’Afrique fut un refuge et une aide pour les forces de la France Libre.

 

    Les soldats africains ont contribué, sur tous les champs de bataille, à inverser le cours de l’histoire.

 

    Le 8 mai 1945, sans l’Afrique et les Africains, jamais la France n’aurait retrouvé sa liberté.

 

    Alors comment oublier la sanglante répression menée au camp de Thiaroye contre des Tirailleurs qui réclamaient simplement le respect, leur dû et le droit de porter leurs galons car ils croyaient qu'à l'égalité du sang versé devait succéder l'égalité des droits. Ils avaient raison.

 

    Il y a des mots que le peuple français doit au peuple sénégalais et à tous les peuples africains qui ont souffert pour nous et par nous, ce sont des mots  simples mais puissants, trois mots que j'ai envie de dire ici en tant que citoyenne et élue de la République française :

 

    Pardon. Merci pour le passé. Et s'il vous plaît, pour l’avenir, bâtissons ensemble.

 

    Je veux que nous ayons la force de reconnaître enfin tout ce que nous vous devons et tout ce que nous pouvons ensemble.

 

    Et c’est parce que j’aime la France, parce que je la crois suffisamment forte et généreuse, que je la veux capable de regarder son histoire en face. Je le veux capable d’assumer son devoir de vérité et son devoir de responsabilité.

 

    Nous devons créer ensemble, à l’échelle de nos deux continents, une "Commission Vérité du passé et avenir commun" qui aurait accès à toutes les archives civiles et militaires, qui accueillerait tous les témoignages et qui aurait pour mission de dire le vrai, de pacifier les mémoires et de récueillir tous les témoignages.

 

    La France républicaine mérite aussi que cesse ce qu'on appelle - et on sait ce que cela veut dire - la Françafrique et   l'opacité de décisions prises dans le secret de quelques bureaux.

 

    Chers amis,

 

    Nos pays doivent inventer une relation fondée sur le respect et l’intérêt mutuel.  Je veux une France du respect, dénuée d’arrogance, ouverte, mais exigeante sur la défense des libertés démocratiques partout où il le faut.

 

    Il faut en finir avec cette idée fausse selon laquelle la démocratie et les droits fondamentaux n’auraient qu’un seul berceau, l’Occident. Dans une conférence donnée récemment par Stéphane Hessel sur l’histoire de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont il fut l’un des rédacteurs, il avait donné la parole à Suleiman Bachir Diagne. Ce dernier rappelait que  dans la Charte du Mandé du XIIIème siècle, ce « Serment des Chasseurs » qui se voulait aussi adresse au monde, on trouve une définition toujours actuelle des droits de la personne humaine.

 

    Je veux rendre hommage au Sénégal, au Mali, au Ghana, au Bénin, au Liberia, à tous les pays du continent qui ont su s’ouvrir aux transitions démocratiques. Surtout, je veux rendre hommage à tous ceux qui, jeunes et moins jeunes, fidèles aux idéaux qui guidaient leurs aînés au moment des indépendances, se battent pour faire vivre leurs droits à la liberté, à l’égalité et à fraternité.

 

    Pour nous, Français, cela veut dire que nous ne pouvons ni soutenir les dictatures, ni jamais abandonner les démocrates. Le refus absolu de l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain ne signifie pas que l’on s’abstienne de lui demander des comptes toutes les fois que cela est nécessaire. C’est cela le dialogue entre égaux.

 

    Chers amis, la démocratie est un droit ; elle est aussi une chance. Je crois qu’elle est un facteur fondamental de développement économique et social. Partout où les citoyens prennent part aux décisions qui les concernent, les inégalités diminuent, et l’efficacité économique augmente.

 

    Nous devons favoriser toutes les initiatives pour faire de l’Afrique le continent du XXIe siècle.

 

    Mesdames et messieurs, la crise que nous traversons est mondiale, et c’est parce qu’elle touche tous les recoins de la planète, toutes les activités humaines, que nous allons la surmonter ensemble. Le temps est venu de la citoyenneté planétaire.

 

    Croyons pour cela aux forces de la vie. Ayons la certitude que le temps est venu de ne plus perdre un seul instant, de se consacrer corps et âme à jeter des ponts et non plus dresser des murs. Croyons aux hommes et aux femmes de bonne volonté, croyons à leur sincérité, leur créativité, leur courage, leur bon sens, leur espoir, leur aspiration à la paix : civile, économique, sociale,  écologique, et à l’épanouissement personnel. Croyons à la défense des valeurs humaines comme arme politique à part entière. C’est la décision de placer coûte que coûte le progrès de l’être humain au cœur de toute action. D’en faire l’axe permanent et non plus la variable d’ajustement.

 

    Le rôle de l’Afrique dans cette profonde mutation est majeur. Parce que l'Afrique a subi plus que tout autre endroit du monde, souffert plus que tout autre continent, elle peut imposer l’être humain au cœur du système et devenir un phare pour le monde. Qui mieux qu’elle peut saisir l’impasse de la déshumanisation, elle qui a subi à travers les siècles cette déshumanisation. C’est dans le feu qu’on forge les plus belles lames, c’est dans les larmes que l’on peut aussi forger les plus grandes joies. Alors imaginons ensemble, agissons ensemble, réussissons ensemble le nouveau monde qui vient.

Faisons notre cette jolie phrase que j’ai entendu de la bouche des jeunes de Thiaroye: soyons solidaires comme les grains de l’épi de maïs, forts comme le baobab, courageux comme le lion.

 

Ségolène Royal

Par Thomas - Publié dans : Ségolène - Communauté : Soutiens à Ségolène Royal
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Commentaires

Merci infiniment Segolene Royal pour avoir redonne une dignite a l'Afrique , aux Africains ( contre le deni officiel de leur existence en juillet , qui ne represente pas la France ) , ...et a la France - le pays de la declaration universelle des droits de l'homme - , et ...aux Francais .....
Commentaire n° 1 posté par christbab le 08/04/2023 à 10h30
Mais pour qui elle se prend à demander pardon pour les paroles du président de la république et parler au nom de la France et des français? Si Elle voulais faire ça, il fallait être plus convaincante aux dernières présidentielle au lieu de passer pour quelqu'un n'arrivant pasà  alligner plus de 5 mots à la minutes et à participer activement à un débat. C'est vraiment une idée de gauche de s'opposer à quasiment tout ce qui vient de droite et en particulier de faire de l'anti-sarkozisme intensif. Pitoyable...
Commentaire n° 2 posté par RemYRemS le 08/04/2023 à 11h07
J'ai entendu les "excuses" au nom de la France de Ségolène Royal à propos des paroles de Nicolas Sarkozy lors de sa visite au mois de juillet . Je souhaiterais également que Ségolène Royal aille jusqu'au bout des excuses en se rendant au Rwanda, nous célébrons le 15ème anniversaire du génocide, et s'excuse pour les propos de François Mitterand ("un génocide dans ces pays-là n'est pas trop grave" avait-il dit) et sur sa responsabilité en ce qui concerne ce même génocide.
Commentaire n° 3 posté par Alexandre le 08/04/2023 à 11h07
Bravo pour votre courage et quand M. FILLON se permet de vous mettre en garde : depuis quand avez-vous prétendu parler au nom de la France ? Pour ma part, j'ai compris que vous parliez à des socialistes. Si nous devions nous vexer pour tous les propos moralisateurs sur l'organisation du PS tenus par celui-ci, je pense que les hautes instances du PS n'auraient pas fini de le mettre au tribunal.
Nous sommes toujours là. Mme TALLET
Commentaire n° 4 posté par Christian et Violette le 08/04/2023 à 12h21
Merci Madame pour la qualité et la profondeur de ces mots. J'espère qu'un jour vos amis socialistes comprendront ce que vous avez compris de l'Afrique, de la Guadeloupe et de la Martinique.   
Commentaire n° 5 posté par Jean François DULEME le 08/04/2023 à 15h27
Merci, Ségolène Royal pour la dignité que vous rendez à ceux qui s'étaient sentis bafoués! merci de répandre autour de vous les valeurs de Justice et de Respect!
Commentaire n° 6 posté par margerit le 08/04/2023 à 19h01
MERCI ET BRAVO POUR CE CONTRE-DISCOURS DE DAKAR! Grâce à vous, je me sens à nouveau fière d'être française!
Commentaire n° 7 posté par marion provansal le 09/04/2023 à 15h33
Bonjour
Madame Royal,
Nous avons suivi avc admiration votre discours au sénégal.Cela permet d'apaiser les tensions qui risquaient d'envenimer les relations humaines entre les africains et les francais, les vrais.
La fraternité entre les peuples ,à vrai dire, n'interesse pas le président francais qui a ses propres univers à lui, les gens des banques, des cac 40, des soirées mondaines, des madoff, bhl et tous ceux qui, dans des endroits obscurs, distillent leur venin en direction des émigrés et que dis je; des francais eux mêmes réduits à la précarité et autres drames du quotidien.
Nous ne connaissons pas la france ç travers la posture actuelle, une france qui se jette dans les bras du communautarisme que l'on sait et du lobby israélien.
Faites que la france ne  soit martelée dans ses principes, elle ne mérite pas d'être méprisée.
Commentaire n° 8 posté par tazbent le 10/04/2023 à 09h34
Pour passer une partie de mon temps au Sénégal et essayer d'y développer de micro-projets, je dois dire à Ségolène ROYAL un grand merci, car grâce aux mots justes que vous avez su trouver, vous avez redonné un peu de confiance dans la france à nos frères africains qui nous perçoivent, non à travers nos gestes, petits ou grands, mais à travers nos hommes politiques. Je suis convaincu que l'avenir du Monde est dans les pays émergents, et particulièrement en Afrique, et que l'opportunité des occidentaux sera d'aider, comprendre et aimer l'afrique.
Commentaire n° 9 posté par Philippe DECLERCQ le 10/04/2023 à 15h29

Lettre ouverte à Ségolène Royal…

Madame la Présidente de Poitou Charente.
J’ai longtemps hésité avant de vous écrire ces quelques lignes. J’ai hésité car je me suis dit seulement que ces phrases seraient vite prises pour une position politique, pour ou contre, alors qu’il ne s’agit ici que de la réaction d’un simple citoyen. Je suis outré par votre démagogie et votre populisme. Vos déclarations au Sénégal, pays de votre naissance, revenant sur les propos de Nicolas Sarkozy qui avait dit que “l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire”, sont dangereuses . Vous savez pertinement ce que le Chef de l’Etat voulait dire : que hélas, l’Afrique n’est pas assez mondialisée et qu’elle n’a pas pris à bras le corps son avenir pour entrer dans l’Histoire. Lorsque l’on parle d’Afrique, ce n’est le plus souvent pour parler de misère, de famine et de maladie, le tout sur fond éternel de la ” mauvaise colonisation”.

L’Afrique, que je connais et aime, a besoin de considération et d’aides. Mais surtout, elle a besoin pour se développer qu’on lui parle vrai : la colonisation n’expliquera pas tout jusqu’à la fin des temps ; la corruption de ses élites est une plaie ouverte…L’Afrique ne doit pas attendre toujours en tendant la main. Elle travaille et se bat. Elle lutte avec espoir pour se construire et trouver les voies d’un développement qui lui est propre.

Madame Royal, vos propos ne sont pas corrects. D’abord parce qu’ils distillent l’idée d’une repentance tellement à la mode en ce moment. Ensuite, parce qu’il me semble donc d’une incroyable mauvaise foi… Vous faîtes de la politique. Vous vous dîtes que l’on parle de vous sur cette nouvelle affaire en bien ou en mal, l’important c’est d’en parler … Ce que je fais ! Vous avez décidé que la politique n’était plus l’exposé d’idées et de convictions mais un simple chemin de communications réussies. C’est votre problème. Je ne partage pas cette conception de la politique. Merci d’avoir pris un peu de votre temps que je sais précieux pour lire cette lettre.

Recevez, Madame la Présidente, l’expression de mon sentiment le plus direct,

Eric Revel

Commentaire n° 10 posté par Pierre le 11/04/2023 à 09h09

 

L'auteur de ce commentaire appelle les courants politiques qui souhaitent préserver la République des abus du sarkozysme à se rassembler devant les atteintes aux principes républicains qui font l'identité même de la nation française.

Il appelle en particulier :

        - Le Mouvement Démocrate de M. Bayrou
        - Le Parti Socialiste
        - Tous les dissidents ou non-dissidents de l'UMP (villepinistes, souverainistes) qui ne reconaissent pas dans M.Sarkozy les valeurs de la droite républicaine
  
       à une alliance provisoire ayant pour but, par la démission de M.Sarkozy et éventuellement par la constitution d'une liste commune aux élections présidentielles de 2012, de refonder le pacte républicain sur un nouveau tripartisme consensuel. 

   Préférons l'intérêt national aux intérêts particuliers et sauvons la république !

 

Commentaire n° 11 posté par M.B. le 11/04/2023 à 20h36
Ouf! Ségolène recole les morceaux!! Quel blaireau! Aucune vision politique! tout dans le raccolage grossier du plus abjecte électorat et quelle absence de vision politique! 2 ans plus tard, BARACK OBAMA, africain et président des états unis le snobe à tout va (pour ne pas dire : se fout de sa gueule) devant gratin politique, nous faisant passer au passage  pour des buses!!! Finalement, la gauche a de la chance car le choix des personnes existe encore!
Moi, je vote à droite; j'ai le choix entre le blaireau et le blaireau!!! alors je fais comment?
Commentaire n° 12 posté par Jacques le 12/04/2023 à 13h43
Chère Ségolène,

A travers cette intervention, je vous retrouve entièrement. Sur la terre de vos origines, vous avez su répondre avec force et émotion aux maladresses oratoires passées de Nicolas Sarkozy dont certains propos ont pu être considérés comme blessants par un bon nombre d'Africains. Vous tirez les leçons de l'histoire coloniale  française pour réaffirmer aux Africains la grandeur de leur dignité si souvent bafouée. Vous retournez aux principes fondateurs du socialisme faits d'humanisme et de générosité en pourfendant votre adversaire d'hier et peut-être de demain et en obligeant les socialistes qui vous apprécient le moins à ne pas vous contredire.
C'est à la fois de la bonne de communication, de la fine stratégie politique et un appel à la repentance sur le sujet de la colonisation sur lequel bon nombre de nos concitoyens sont fort mal à l'aise. 
Votre discours prononcé sur un ton plein de convictions proche à la fois de la vision de société et de la prédication ne peut nous laisser insensibles. Agaçant pour vos ennemis politiques, il est au contraire séduisant pour vos partisans et  même pour vos sympathisants dont  je suis.
Votre sens tactique, vos convictions, votre générosité, votre faculté d'appel à l'émotion et à la responsabilité associés à votre beauté et à votre sensualité naturelles vous ouvrent incontestablement, n'en déplaisent à vos adevrsaires , des horizons politiques prometteurs.
Bon courage pour la suite de votre démarche que je continue de suivre avec intérêt.

Je vous embrasse.    
Commentaire n° 13 posté par BERANGER Etienne le 13/04/2023 à 13h47
Bonjour a vous Mme Royal,
vous prenez les africains comme otage du jeu politique francais, car vous voulez vous opposez a tout prix a Sarkozy.
Mais en realite, vous ne vous preoccupez pas du sort de l'Afrique. Vous avez occupe   de tres hautes responsabilites aussi bien sous Mitterand que sous Jospin. Vous n'avez jamais rien dit contre le systeme francafrique qui permet a la France et aux dictateurs d'Afrique francophones de s'enrichir.  Vous n'avez jamais aussi condamne les simulacres d'elections qui  se tiennent chaque jour au Gabon, au Congo, au Togo ...etc
je vous rassure d'un fait, de plus en plus d'africains d'aujourd'hui ne vous font plus  confiance. Nous essayons de trouver d'autres modeles hors de la France. Notre defi est  de montrer au plus grand nombre d'africains que vous ne nous aidez en rien et de mettre fin a ce systeme.
Pour finir, n'oubliez pas que le monde change. Les annees 60 sont passees.
Laissez les africains regler leurs problemes d'une maniere ou d'une autre. Si vous ne le faites pas( je pense que cela est votre point de vue), ils le feront bien un jour par la force.
mes salutations respectueuses
Commentaire n° 14 posté par Dishan kamga le 14/04/2023 à 11h51

Madame Ségolène ROYAL

Désirs d’Avenir

contact@desirsdavenir.com

 Madame,

 Vous avez exprimé votre solidarité avec le Peuple du Sénégal. Vous n’avez pas d’attache particulière avec Madagascar. Mais votre sensibilité à la cause sociale des pays en Afrique, nous amène à appeler votre intérêt et solliciter votre soutien.

Depuis le 26 janvier 2009, nous, partisans de la légalité constitutionnelle, subissons une injustice flagrante quotidienne du fait de mutins qui ont porté au pouvoir, par un coup d’Etat, un disc jokey : Andry RAJOELINA.

 Le Président Marc RAVALOMANANA, élu au suffrage universel a ainsi été obligé de fuir et se trouve aujourd’huiauprès de ses pairs en Afrique.

Nous venons à vous, car le pouvoir insurrectionnel est soutenu par le gouvernement français. L’ambassadeur de France est le seul représentant de la communauté internationale à Madagascar, à reconnaître Monsieur Andry RAJOELINA.

Nous espérons des Françaises et Français que soit reconnue notre aspiration forte à un retour à la légalité constitutionnelle ainsi que la protection du Président élu, menacé de mort pas les mutins et par des détenus à une peine pénale pour crime de sang, amnistiés par Anndry RAJOELINE, le chef desputschistes.

Notre résistance au terrorisme sournois et à la violence est fragile car nous ne voulons pas d’une guerre civile. Nous ne voulons pas que Madagascar soit un autre Rwanda. Madagascar est classé PMA, mais nous avons des ressources humaines compétentes, constituées de 60% de jeunes, nos terres sont arables et nos sous sol regorgent de richesses. Nous voulons seulement le retour à l’ordre constitutionnel qui est possible si le Représentant de la France ne soutient pas ce régime putschiste.

 Le communiqué, ci-joint, d’un groupement de la diaspora malgache est instructif sur les agissements du gouvernement français.

 LA FRANCE CHERCHE ACTUELLEMENT A LEGITIMER LE COUP D’ETAT A MADAGASCAR

M. Joyandet, secrétaire d’Etat français chargé de la coopération et de la Francophonie, depuis le début de la crise malgache et M. Chataigner, actuel “ambassadeur de France” (officiellement représentant du Quai d’Orsay mais il aurait reçu “récemment”, selon le Figaro du 17 mars citant le porte-parole du Quai d’Orsay “un agrément des autorités malgaches”) et ancien directeur de cabinet d’Alain Joyandet, depuis le coup d’Etat du 17 mars dernier, sont tout deux à pied d’oeuvre pour normaliser la prise de pouvoir par la force à Madagascar.

La France a été surprise dans un premier temps par les prises de position fermes de la plupart des pays du monde et par celles des organisations internationales à commencer par l’Union Africaine et la SADC, puis par l’ONU, l’Union Européenne, et finalement la OIF. Tous ont décidé de condamner le Coup d’Etat, de suspendre leurs relations et leurs appuis à Madagascar. La France, elle, continue.

soir, M. Ping, Président de la Commission de l’Union Africaine a réitéré quant à lui son appel au « retour rapide à l’ordre constitutionnel à Madagascar », dans un communiqué. Il a regretté que « les assises nationales convoquées par les autorités issues du changement anticonstitutionnel (…) n’aient pas eu lieu dans des conditions de nature à créer un consensus national sur les modalités du retour à l’ordre constitutionnel et à recueillir l’appui de l’UA »

Comme la France n’a que peu de pouvoir de persuasion dans les organismes cités plus haute, il lui fallait trouver d’autres voies. Il y a quelques jours, M. Chataigner aurait été nommé, selon RFI, “président local de l’Union Européenne” ? C’est quoi pour un titre ? Toujours est-il qu’il entend profiter des accords de Cotonou pour discuter avec Andry Rajoelina des modalités de normalisation du processus démocratique. Mais on les connaît déjà puisqu’elles ont été annoncées clairement par M. Rajoelina lors “d’assises” unilatérales: révision de la Constitution l’an prochain et élections présidentielle dans 19 mois ! Voyant ce qui se passe au pays depuis 2 mois, on craint le pire !

La volonté de la France est simple, empêcher à tout prix les sanctions envers Madagascar, retrouver sa place de “seul maître à bord” perdue avec l’arrivée au pouvoir du Président Ravalomanana et continuer à pomper le sous sol malgache en toute quiétude. Peut-être que pour amadouer l’Union Européenne, Andry Rajoelina acceptera de forcer la compagnie Air Madagascar à acheter des Airbus !

Seconde voie, la France, à la présidence de la COI cette année a réussi à convaincre celle-ci de lui laisser conduire une nouvelle délégation à Madagascar pour assister le pays dans le “rétablissement du fonctionnement démocratique”. Mais avec qui vont-ils discuter ? Avec Andry Rajoelina, chef de guerre, auteur d’un coup d’Etat qui a déjà provoqué la mort de plusieurs centaines de personnes.

Et l’on trouve cela normal ? Pas nous et nous continuerons à l’affirmer. Nous demandons donc maintenant officiellement la fermeture de l’Ambassade de France à Madagascar pour cause d’atteinte à la souveraineté nationale.

Fin du communiqué du GTT paru sur le site public de TopMada

 Le Canard Enchaîné a écrit dans sa liraison du 25 mars 2009 que la France a mis du temps pour reconnaître le coup d’Etat à Madagascar. Ce qui nous mène à poser les questions:

 Est-ce que les contribuables français ne seraient pas soulagés de la servitude de financer des déstabilisations en Afrique ? Déjà mal payés de leurs efforts à la productivité, ils doivent encore soutenir de leur argent des peuples sympathiques mais lointains et étrangers. Ils vivent une sorte d’esclavage en travaillant gratuitement pour le confort des autres dans un contexte social fortement marqué par un chômage chaque jour en hausse ?
La France débourserait 500 millions d’euros pour Madagascar. Il faut espérer que ces sommes restent en France et que les caïmans de la politique n’auront rien à se partager.

Nous vous remercions, Madame,de l'intérêt que vous voudriez bien apporter à cet appel et nous vous prions d'agréer les as

Commentaire n° 15 posté par Julie HAROSO le 14/04/2023 à 21h05
Pauvre Madame royale!!
maintenant ,elle fayote ,pitié,j ai nhonte d être une femme!
Commentaire n° 16 posté par olive le 18/04/2023 à 22h12
Si (et encore que) cette mise au point de Dakar peut être recevable, en revanche les excuses par lettre à José Lui Zapatero relève d'une malhonnêteté intellectuelle qui ne vous grandit pas.
Comme je l'explique ici :

http://sagephilippe.20minutes-blogs.fr/archive/2009/04/18/les-excuses-de-marie-segolene-n-engagent-ni-la-france-ni-les.html#comments
Commentaire n° 17 posté par Philippe Sage le 19/04/2023 à 02h01
bonjour mme royal

je t'adore mais pitié arrete de te focaliser sur sarko tu en fait trop.LA VOUS ME DECEVEZ BOCOU J'OSE mm plus prendre tes defense kan on te critique  
Commentaire n° 18 posté par diallo le 19/04/2023 à 14h09
bonjour, j'ai vagement entendu parler du discourt que segoleine a presenter au president de Dakar, le peu que j'en est entendu ma Choqué enermement. alors j'ai ete sur le web, et j'en est appris d'avantage, je trouve cela, Nimpote quoi, ce sont Ces propre excuses qu elle a donné, pour ce rendre interrane et pour  que l on parle d'elle, c'est surment ps au nom de la france, en tout cas, pas de Ma part. je suis contente que nicolas sarkosie a dit,. les francais critique la politiques de mentir, lui il a dit les choses comme elles le sont, sa me va, meme si c'est faut. alors madae Royal, merci de vous taire ou assumer a votre propre nom ce que vous penser, merci
Commentaire n° 19 posté par touchet le 19/04/2023 à 15h13
Madame,
Qui donc êtes vous pour vous excuser au nom de la France? Pour demander pardon en mon nom , au nom des français, au nom d'un pays que vous ne représentez pas?
Arrêtez, vous vous ridiculiser, a la limite c'est votre problème, mais ne nous ridiculisez pas, s'il vous plait, nous ne l'avons pas mérité, nous !
Au fait, n'avez vous pas été condamnée, récemment, pour non respect du droit du travail? Alors, sur ce coup la, a qui devez vous demander pardon? A vos 2 ex-secrétaires?

Oserez-vous publier ce commentaire? Pardon si j en doute, mais j'irai voir quand même.

Salutations
Commentaire n° 20 posté par corto74 le 19/04/2023 à 17h26
Madame,
Je ne suis pas de droite et pourtant je n'ai pas voté pour vous aux élections présidentielles et je m'aperçois aujourd'hui que je pense avoir eu raison. Vous n'êtes pas le président de la république, donc vous n'avez pas été élue par le peuple alors cessez de parler  au nom du peuple, je ne vous ai rien demandé!.
Ce sont les urnes qui parlent vous qui vous targuez de démocratie, vous devriez l'accepter, mais votre soif de pouvoir est tellement gigantesque que vous en oubliez les règles de la démocratie.
Et si vous ne validez pas mon commentaire, ce sera une constation supllémentaire! 
Commentaire n° 21 posté par chamayol le 19/04/2023 à 18h04
Chere Madame, 

j'ai hate de vous voir la ou vous devriez deja etre. C'est alors que je reviendrai vivre dans votre beau pays.

Je vous admire et vous encourage a continuer pour les plus faibles

Sincerement,

Othello
Commentaire n° 22 posté par Othello Star le 20/04/2023 à 12h59
Ségolène Royal est vraiment une imbécile. Cela la dépasse complètement
Commentaire n° 23 posté par Olivier le 20/04/2023 à 15h11
Bonjour,
Concernant le discours de Dakar et les excuses de Royal envers Zapatero, je vous suggère de lire le parti pris d'Edwy Plenel sur le site Mediapart...

Annonce de l'article:
La polémique autour des excuses de Ségolène Royal,
Nicolas Sarkozy ou le mépris de monde.
par Edwy Plenel

La France peut-elle s'exprimer autrement à l'étranger qu'à la façon de Nicolas Sarkozy? Ségolène Royal a-t-elle eu raison de demander pardon, à Dakar, pour les paroles du chef de l'Etat sur l'homme africain qui «n'est pas assez entré dans l'histoire»? A-t-elle eu tort de récidiver en présentant ses excuses au premier ministre socialiste espagnol pour les propos de table du président de la République sur son intelligence limitée? Quelle importance accorder à ces indiscrétions qui dévoilent un Sarkozy vantard et orgueilleux, moquant notamment l'inexpérience de Barack Obama? Voici notre réponse à toutes ces questions, sous la forme de parti pris non seulement favorable à l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle, mais, surtout, inquiet au spectacle d'une présidence qui perd le sens des mesures et des réalités.
Commentaire n° 24 posté par hugo le 20/04/2023 à 15h59

Madame Royal,

Pitié, épargnez-nous vos "saines colères" et arrêtez de parler au nom de la France pour vous faire entendre dans les médias. C'est à la fois pénible et risible, mais surtout cela donne une piêtre image de la classe politique.

Commentaire n° 25 posté par fh le 20/04/2023 à 21h49
J'ai voté pour F.Mitterrand en81 et 88.Les excuses de Ségolène Royal aux africains sont touchantes mais pas encore assez à mon goût, serait-il possible qu'elle s'excuse publiquement comme elle le fait si bien pour la participation active de la République française, mon pays socialiste alors, au génocide du Rwanda et pour toute la politique mafieuse post coloniale, les peuples africains le méritent bien...merci de m'avoir lu
Commentaire n° 26 posté par robin le 29/04/2023 à 20h35
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