Chers Olivier, Antoine et Jean-Christophe, Cher Maxime Bono
Chers Camarades socialistes,
Dans quel contexte intervient notre Université d’été ?
Des tensions internationales d'abord, et la France qui vient d’être touchée au cœur, endeuillée par la mort de dix de nos soldats dont l’un d’eux, Damien Buil, était originaire d’ici.
Nous partageons, nous socialistes et avec tous les Français, la peine de toutes les familles qui ont perdu un fils, un mari, un compagnon, un frère, et la peine de l’Armée française qui voudrait
bien, comme nous tous, connaître les conditions de notre présence, en évaluer les objectifs et définir un calendrier.
Tensions internationales aussi en Georgie, au Darfour oublié, encore et toujours dans les bourbiers irakiens et iraniens, et au Moyen-Orient.
Mais aussi une tension nationale, une rentrée économique et sociale inquiétante, une école affaiblie, des services publics traumatisés par une politique de droite qui impose au pays des
déchirures sociales, territoriales, postales, sanitaires et judiciaires. Et cela les socialistes n'en veulent pas.
La France subit une déchirure. Elle a le visage des ouvriers de Gandrange à qui la droite a fait tant de promesses. Elle a le visage des caissières qui ne veulent pas faire des heures
supplémentaires mais qui voudraient seulement obtenir leur part des profits faramineux de la grande distribution. Elle a le visage des enfants dont les parents sont arrêtés à la sortie des écoles
pour être expulsés après avoir été entassés dans des conditions inhumaines.
Or, quand la politique du pouvoir ne fonctionne pas, que se passe-t-il ? Les citoyens se tournent vers l’opposition pour savoir si elle ferait mieux. Alors la France a besoin de nous, elle nous
attend, elle nous appelle, elle nous cherche. « Où êtes-vous ? » nous crie-t-elle. « Unissez tous les courages, toutes les intelligences pour dessiner clairement une alternative à laquelle nous
ne demandons qu’à croire ».
Sachons entendre les militants qui en appellent à la responsabilité de chacun et à la retenue. Personne ne peut se permettre de gâcher l’esprit studieux de nos rencontres et nos échéances
politiques. Car c'est la droite qui prospère sur nos dissensions et qui, plus gravement, laisse orphelins ceux qui souffrent de sa politique.
Ayons le courage de le dire : l’exaspération et la colère ne sont pas loin devant le spectacle que nous donnons. Oserais-je vous le dire malicieusement – ne le prenez pas au premier degré !
Les Français nous parlent comme Juliette Gréco nous le chante : « Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez ». Ayons le courage de le reconnaître avec lucidité, car avoir ce courage,
c'est déjà avoir une partie de la solution.
Et des raisons d’être fiers de ce que nous faisons, nous en avons ! Oui, je l’affirme ici : la gauche sert la France du mieux possible avec des résultats pour nos 24 présidents de région, dans
nos 55 départements, dans nos très nombreuses villes et nos 200 circonscriptions. Oui, la gauche sert le pays pour protéger, pour imaginer, pour entraîner et innover. Oui, sans les socialistes,
beaucoup seraient abandonnés à toutes les fureurs des intérêts privés, abandonnés à toutes les colères de ceux qui ont peur. Vous voyez à quel point, lorsque nous sommes unis, nous en sommes
capables !
Les temps difficiles sont revenus. Une nouvelle révolution est là, de bien plus grande ampleur que celle qu’a connue le XIXè siècle. Et c’est toujours la même question avec une révolution : dans
quelle mesure la subit-on ? Dans quelle mesure la maîtrise-t-on ? Et quels rapports de force faut-il mettre en place pour que l’enrichissement de quelques-uns ne se paie pas du recul de tous les
autres ?
D’immenses défis surgissent, de grands dangers menacent. La circulation folle de l’argent détruit les économies. La crise alimentaire plonge dans la malnutrition ou la famine des centaines de
millions de personnes. La spéculation sur les matières premières fait rage. Les délocalisations sauvages se multiplient. Le coût du pétrole renchérit les prix. La crise écologique et climatique
précipite les échéances. Dans de trop nombreux pays, les nationalismes, le terrorisme et les guerres régentent ce que nous n’arrivons pas à organiser politiquement. La voilà, la mondialisation
malheureuse, celle que nous subissons.
Car la mondialisation n'entraîne pas que des désastres. D’immenses progrès ont aussi été accomplis. Il n’est pas trop tard : soit la mondialisation provoque un progrès de civilisation. C’est
possible. Soit elle est porteuse de toujours plus de malheurs. C’est là le danger. Et la réponse, c'est encore et toujours de la volonté politique. En particulier la nôtre, à nous, les
socialistes, à l’échelle de la planète.
L'heure n'est plus aux diagnostics tièdes, aux appréciations timorées, mais à la lucidité radicale. Oui, il y a besoin de radicalité, car ce ne sont plus simplement les effets du système qu’il
faut dénoncer, mais ses fondements et ses présupposés. Pour mettre l’économie au service de l’homme sans détruire les trésors de la planète.
Nous socialistes, nous ne voulons pas que ce capitalisme nous arrache notre avenir et réduise à néant notre espoir de vivre paisiblement en humains parmi d’autres humains.
Une autre politique est possible, telle est là notre responsabilité historique !
La dureté des temps appelle des propositions précises sur les retraites, la révolution fiscale et le pouvoir d’achat. Contre l’économie de la rente, la dégradation de la condition salariale et le
mépris des ressources rares, les socialistes veulent une économie de l’innovation et du risque créatif. Nous voulons à la fois mieux produire les richesses et mieux les distribuer, mais nous
voulons aussi définir autrement la richesse. Comme le disait déjà les syndicalistes au début du siècle dernier : bien-être et liberté ! Cela reste aussi nos espérances !
Mais ce modèle exige aussi une réforme en profondeur de la redistribution et des modes d’action publique : l’efficacité fiscale, la conditionnalité des aides aux entreprises, la réforme de l’État
et celle du dialogue social, la décentralisation éclairée sont les instruments de la nouvelle compétitivité de la France.
Et nous avons la capacité de porter ici, à la Rochelle, un message positif et fort. Parce que si les idées sont fortes et claires, alors on le sait, elles s’imposeront sur les querelles de
personnes et sur les enjeux de pouvoir. Et c’est vous les militants qui allez y veiller. Qu’on laisse les militants travailler puis voter librement le moment venu !
Oui nous, socialistes, nous avons la capacité de faire la société plus humaine, c’est notre tâche immense.
Oui, nous avons la capacité d’être exemplaires, plus enthousiastes, plus aventureux, plus audacieux, plus généreux, plus hospitaliers aux idées et aux actes, plus sincères et plus fraternels que
la société que nous voulons transformer. Nous avons la capacité de remplir notre mission première : l’émancipation personnelle, pour tous et pas seulement pour quelques-uns, d’un bout à l’autre
de son existence.
Oui, nous avons la capacité d'empêcher la résignation et le repli sur soi que l’on sent monter dans le pays.
Et oui, nous avons la capacité de libérer les énergies, mais pas au prix d’un démantèlement des protections et des sécurités sociales.
Alors oui, nous avons la capacité de prouver que le socialisme est une force neuve pour le XXIè siècle.
Chers amis chers camarades, l’avenir a besoin de nous. La France a besoin de nous et nous regarde. Et comme le disait Aimé Césaire : « Tout l’espoir n’est pas de trop pour regarder le siècle en
face ! ».
Voilà notre objectif. Nous le tenons, alors réalisons-le !
Le côté romantique de ce discours ne me touche pas alors que celui d'Obama, écouté sur Public Sénét, qui développe des idées voisines m'a touché parce qu'il était beaucoup plus précis et portait des critiques précises. Après cet appel au travail j'aurais aimé que Ségolène participe au travail à la Rochelle ...