Pour financer nous dit Nicolas Sarkozy, les programmes de recherche sur des maladies graves, faisons appel au porte-monnaie des malades y compris des plus modestes. Plutôt que
de porter remède aux lacunes de notre système. Il y a là une triple faute : insécurité sociale, erreur sanitaires, inefficacité économique.
1/ Insécurité sociale, tout d'abord.
C'est une aberration de faire financer les programmes de recherche utiles pour les malades de demain par les malades d'aujourd'hui. Même si des exonérations sont prévues, la contribution va peser
de manière uniforme sur tous ceux qui doivent prendre des médicaments ou recourir à des soins, alors même que la contribution de chacun à l'assurance-maladie est proportionnelle aux revenus. De
manière insidieuse, on revient sur les principes de la sécurité sociale chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins), illustrant une fois de plus la volonté de la droite de
remettre en cause les assurances publiques universelles, pour favoriser la marchandisation de la santé. Une fois de plus, ce sont les personnes âgées à faible revenu et les salariés les plus
faiblement rémunérés qui vont consacrer une part plus importante de leurs revenus à leur protection sociale. On pourrait objecter que les montants sont faibles mais nous savons d'expérience
qu'une fois que le principe est acquis, ce genre de prélèvements augmente au fil des ans, sous la pression du déficit des comptes sociaux.
La fixation de son montant par un simple décret et non son inscription dans la loi renforce cette perspective. En outre, ils viennent d'ajouter à une série de mesures déjà très sensibles pour les
ménages : forfait de 1 à 4 euros par consultation, autre forfait de 18 euros à l'hôpital, déremboursements de toutes sortes. Lors de l'instauration de la franchise sur les consultations
médicales, ses inspirateurs avaient indiqué qu'il s'agissait d'une mesure exceptionnelle. A quand la franchise sur tous les actes ? A quand de nouveaux déremboursements déguisés par la hausse de
ces franchises ? En vérité, les classes modestes et moyennes sont celles qui vont être progressivement orientées vers les assurances privées, pour couvrir toutes ces charges nouvelles, laissant
au bord de la santé tous ceux qui n'ont pas les moyens de financer une couverture complémentaire et l’accès au soin doit rester une sécurité de base.
2/ Erreur sanitaire ensuite.
Ces franchises s'appuient sur l'idée que l'on pourrait, étant malades, faire le choix de consommer moins de soins dès lors qu'on serait sensibilisé aux coûts. Outre que c'est le médecin qui
prescrit et non le malade qui décide, allez expliquer aux personnes qui ont été jugées suffisamment malades pour être prises en charge à 100 % (les diabétiques, les cancéreux, les personnes
atteintes par le VIH…, tous ceux qui souffrent d'une maladie longue et coûteuse, y compris comble de l’ironie les patients atteints de maladie d’Alzheimer) que c'est à elles que reviendra en
priorité la charge de financer les dépenses d’assurance-maladie. L’affectation de cette nouvelle contribution à la recherche sur une autre maladie est un leurre, comme en témoignent les comptes
présentés par le Gouvernement.. Toutes les études montrent que l'on doit donner la priorité à la prévention, au traitement et au dépistage précoce des affections, au bon suivi des traitements.
C'est un enjeu de santé publique fondamental, car se soigner tôt évite le plus souvent des dépenses plus lourdes ultérieurement. Inviter le malade à peser sur le choix des prescriptions en le
faisant payer est donc un contresens qui pourrait se révéler très dommageable pour la santé des Français à moyen terme. C’est d’autant plus pernicieux que déjà 13 % des Français restreignent
leurs soins pour des raisons financières. Il est donc absurde de faire payer une franchise aux malades chroniques alors que même les petites dépenses sont indispensables.
3/ Inefficacité économique enfin.
Toutes les études sur la compétitivité et l'attractivité de notre pays, montrent que l'un des points forts de la France est précisément la qualité de son système de santé et les conditions
d'accès aux soins, malgré les attaques dont il est l’objet. S'il existe des rigidités dans certains domaines, que j'avais moi-même soulignées en proposant que le dialogue social accorde plus
d'agilité aux entreprises exposées à la concurrence, il est économiquement contre-productif de s'attaquer à l'un des points forts de notre compétitivité par une approche erronée. Ce dont notre
pays a besoin, c'est de travailleurs bien formés, motivés par une juste rémunération et rassurés par l'existence d'une sécurité sociale qui leur permet de se concentrer sur leur vie
professionnelle et leur épanouissement. Il est donc primordial que des mesures soient prises pour restaurer l’équilibre des comptes sociaux pour conserver cet acquis économique du pays.
C’est d’autant plus vrai qu’il existe d’autres solutions. Le produit de cette nouvelle taxe sur les malades (800 millions d'euros) aurait pu être trouvé en faisant des économies. Je propose comme
je l’avais déjà fait une réduction des 60 milliards d'aides aux entreprises, dont chacun sait qu'une grande partie bénéficie à des secteurs protégés qui n'en ont pas besoin et dont la Cour des
Comptes a très justement souligné les manques de justification. Il est surtout nécessaire d’engager une réforme sur l’offre de soins, la meilleure coordination entre médecine de ville et
hospitalière, le renforcement de toutes les actions de précautions et le lancement de programmes de recherche européens pour faire baisser le coût des soins.
par Thomas
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